Chers amis,
Un grand merci à tous pour vos très riches messages. Comme vous l’aurez remarqué, il m’arrive parfois de forcer le trait et de provoquer un peu la polémique, mais c’est toujours afin de mieux faire ressortir les limites, les aberrations parfois aussi, dont “les religions de Dieu” comme vous dites, ne manquent jamais de nous affubler, pour des raisons à mon avis plus humaines que divines. L’exercice consiste ici à aiguiser notre esprit critique, en sachant faire la part justement de Dieu et des hommes en toutes choses, afin d’acquérir plus d’indépendance d’esprit, et de discernement dans les choses de la religion et de la vie.
Cher Nicolas, permettez-moi à présent de vous citer, afin de commenter certains points que vous avez soulevé dans vos deux derniers messages.
« Ce que sont les mondes de Dieu, nul ne le sait. La science pas plus que les expériences de “NDE” ne peuvent les expliquer. »
Je comprends ce que vous voulez dire, nous avons affaire à un domaine de réalité qui nous dépasse tellement, qu’il nous est fondamentalement inaccessible. C’est certainement vrai, mais c’est fort heureusement aussi en même temps faux. S’il avait fallu ne s’en remettre qu’aux “mystères de Dieu”, nous n’aurions jamais découvert que la Terre était ronde ni qu’elle tournait autour du soleil. Nous n’aurions jamais inventé non plus le microscope pour découvrir le monde cellulaire, ni le télescope pour découvrir celui des planètes, des étoiles et des galaxies ; sans parler des découvertes de la médecine grâce à l’anatomie, pour ne citer que quelques exemples. Que la médecine et la science viennent à présent pour nous dire : oui, la conscience existe en dehors du corps ; oui, il y a une vie après la mort ; oui, il y a un Dieu infiniment personnel qui se nomme universellement “l’Etre de Lumière”; oui, il existe dans l’au-delà une multitude de mondes ; oui, nous y avons une destinée qui est en rapport avec ce que nous avons intérieurement accompli au cours de cette vie terrestre, et qui s’inscrit en parfaite continuité avec celle-ci – devrait nous réjouir et nous réconforter grandement.
« Les religions de Dieu condamnent le suicide et les expériences de NDE semblent visiblement le confirmer. »
C’est globalement vrai, mais c’est un point qu’il faudra pourtant nuancer. De nombreuses religions ont pratiqué, tout au long de l’antiquité des sacrifices humains, parfois consentis, et prodigué diverses formes de mort volontaire, qui pourraient aisément être interprétées comme suicidaires. Je pense à la théologie du martyr de l’Eglise Primitive dans l’empire romain des trois premiers siècles, et a de nombreuses “ascèses” ou pratiques de vie tout à fait mortifères. Loin de moi l’idée de légitimer ces pratiques religieuses qui ne peuvent nous sembler à présent qu’archaïques, mais notons bien que la réalité est toujours infiniment plus complexe que nous pourrions le croire. Et à chaque fois que nous tranchons un sujet d’une façon trop nette, la réalité ne tarde jamais à nous rattraper pour nous montrer la relativité intrinsèque de toute chose. Oui, les “NDE” semblent pour l’instant confirmer le fait que le suicide est très souvent ressenti comme un acte négatif. Il a aussi des conséquences diverses sur le ressuscité et sa destinée post-mortem, mais non plus pas toujours aussi négatives qu’on pourrait le croire, comme nous le verrons plus loin. J’aimerais, dans ce contexte, évoquer un film récent intitulé : “La dernière leçon”, de Pascale Pozadoux, 2015. En voici le scénario : “Madeleine, 92 ans, décide de fixer la date et les conditions de sa disparition. En l’annonçant à ses enfants et petits-enfants, elle veut les préparer aussi doucement que possible, à sa future absence. Mais pour eux, c’est le choc, et les conflits s’enflamment. Diane, sa fille, en respectant son choix, partagera dans l’humour et la complicité ces derniers moments.” Ce film, inspiré d’une histoire vraie, pose avec force la question du suicide et de l’euthanasie active, ou volontaire, dans le cas de maladie grave ou de sénilité avancée. C’est un exemple confrontant qui ne peut que nous engager à ne jamais préjuger trop vite des choses.
« Si nous avions connaissance de l'autre monde, et si l'esprit pouvait concevoir sa gloire, nous ne désirerions pas un seul instant rester ici-bas. »
C’est un point intéressant car c’est quelque chose qui revient régulièrement dans les récits de “NDE”, une fois passé de l’autre côté nous n’avons bien souvent plus aucune envie de revenir vers le monde terrestre. Il y a pourtant de nombreux témoignages qui montrent que si “notre heure n’a pas encore sonné”, que nous avons encore des choses à accomplir ici bas, nous y revenons volontairement, parfois même après avoir rencontré “l’Etre de Lumière”. Par contre, et c’est un fait étonnant, de nombreux témoins racontent qu’il y a une sorte de limite, de frontière, qui prend des formes très diverses selon les récits, mais qui une fois franchie ne permet plus aucun retour à notre corps et notre monde physique.
« Le dessein de Dieu pour l'homme est de poursuivre son développement spirituel éternellement. La vie sur terre n'est que la première étape de ce développement. (...) Nous nommons ce passage, mort, un terme plus approprié serait "une vie plus abondante". »
Je crois donc comprendre, que comme pour Swedenborg, il n’y a pas de réincarnation pour Baha'u'llah ? C’est l'une des grandes différences entre les enseignements du Christ et de Swedenborg concernant l’après vie, d’avec ceux de l’hindouisme, du bouddhisme, et du “Livre des morts tibétains”, sans oublier la tradition pythagoricienne de l’antiquité grecque, qui a eu, ce que l’on ignore en général, une influence importante sur ces courants.
« On peut comparer la relation que Dieu entretient avec l'homme, avec la relation parent-enfant. Dieu pose des limites-lois à l'homme tout comme un parent pose des limites à son enfant. (...) Tout comme un enfant se fait réprimander pour une erreur, Dieu réprimande mais aussi pardonne car la relation parent-enfant ou Dieu-homme est basée sur l'amour. »
Nous avons toujours tendance à transposer les diverses modalités de relation humaine, sur la relation divino-humaine. Si un Dieu Créateur existe vraiment alors nous ne sommes rien d’autres que ses petits enfants, c’est d’accord. Mais attention, la comparaison a ses limites : il ne va pas tous les jours au boulot pour nous envoyer à l’école, et il nous donne encore moins la fessée lorsque nous n’avons pas fait nos devoirs ou que nous avons de mauvaises notes, même si c’est pour notre bien. Nous avons souvent tendance à projeter sur l’Etre Divin nos schémas humains, ce qui est bien naturel, certainement commode et sécurisant aussi, mais attention, la réalité dépasse toujours de beaucoup l’idée que nous pouvons nous en faire. Swedenborg et les “NDE” nous enseignent que “l’Etre de Lumière” universel est l’Amour même, un amour totalement inconditionnel, qu’il ne juge, ni ne condamne par conséquent jamais aucun homme à aucune peine, et qu’il ne le damne encore moins à aucun enfer, ni aucun purgatoire. C’est l’homme qui se juge lui-même, en ouvrant sa porte aux énergies négatives et destructrices (les démons), et en générant lui-même ses propres enfers, ce qui est très différent. C’est l’homme encore qui se purifie, se transforme et s’accomplit, en se tournant vers le Divin pour se rapprocher de Lui, en toute liberté. Jésus, ni aucun envoyé de Dieu, ne peut “sauver”, c’est-à-dire “transformer” aucun homme contre sa volonté, car c’est cette liberté qui le fait Homme par définition, c’est-à-dire créature, “partenaire” à part entière, du Créateur, c’est aussi simple que cela.
Chère Nana,
« Je voudrais savoir si après un suicide je pourrais aider l'être le plus cher pour moi (ma mère) pour la soutenir quand je ne serai plus là .... mais dans l'au-delà ... »
Je ne sais pas ce que vous entendez ici par “suicide”. Un suicide de désespoir, pour fuir une existence trop difficile ou douloureuse, ou une forme d’euthanasie volontaire, avant de trop grandes souffrances, dues à une maladie ? Je ne suis pas certain dans ce dernier cas que l’on puisse encore nommer “suicide” un tel choix de départ pour l’autre monde. J’ai plusieurs fois été témoin d’acharnement thérapeutique sur des personnes condannées par de graves maladies. Acharnements thérapeutiques qui ont conduit à des souffrances que l’on ne peut même pas imaginer et qui se sont terminées par de terribles agonies. Je ne voudrais pour rien au monde avoir à vivre cela, et à plus forte raison à le faire vivre à mes proches. Je préfèrerais de beaucoup choisir de mourir, comme on dit “dans la dignité”, avant que les choses n’empirent trop. Je pense que c’est un choix qui ne peut être que légitime, et qui n’entraîne, j’en suis certain, aucune faute morale ou “karmique”. Pour ce qui concerne à présent votre question au sujet de la communication, de l’aide et du soutien aux proches, à partir de l’au-delà, je vais laisser George Morrannier y répondre un peu plus loin.
Cher Jean-Pierre,
« Il est dit que certains suicidés peuvent errer très longtemps dans le troisième bardo et avoir une renaissance tardive, comme les victimes de mort violente, au prix de grandes souffrances. »
Personnellement j’en doute fort. Le suicide est bien souvent un acte de folie, ou de désespoir passionnel ou existentiel, lié à un état de grave dépression, parfois aussi à des formes de déséquilibres neuro-cérébraux, il ne peut donc pas - dans la perspective d’une pédagogie divine fondée sur l’amour et la compassion - être le fait d’aucune punition ni d’aucun "karma négatif" de quelque ordre qu’il soit dans l’autre monde. Au contraire, ces personnes ne peuvent qu’être l’objet de soins et d’attention particuliers, en raison de leur état. Le suicide est considéré dans l’autre monde par les esprits-guides et les anges comme une maladie qu’il importe de guérir avec beaucoup d'attention et beaucoup d’amour, sans oublier également la valeur de rigueur, la mesure de sagesse, qu'il nécessite aussi.
Citons un des témoignages précédemment rapporté par Moody : « Me suicider ce serait comme si je refusais le don que Dieu nous fait de la vie en le lui jetant à la face ». C’est bien sûr tout à fait vrai, vue de l’extérieur, mais de l’intérieur, qui pourrait donc bien se suicider en jetant délibérément le don inestimable de la vie à la face de son Créateur ? Justement celui qui souffre dramatiquement de ne pas (ou de ne plus) avoir accès à cette double réalité fondamentale : l’infinie préciositée de cette vie, et l’existence d’un Divin infiniment aimant et bienveillant.
« Sur la question de savoir si une personne qui s’est suicidée peut revenir aider ses proches, la réponse est non, mais c’est valable pour tout le monde! Il n’y a pas de communication entre les morts et les vivants. (...) Les pratiques des médiums et du spiritisme sont illusoires sur ce point, et accessoirement dangereuses : on accroche bien des entités de mondes parallèles, mais ce ne sont pas les esprits des morts. »
Je ne suis pas certain que cette réponse soit valable pour l'ensemble du bouddhisme tibétain, je pense en particulier ici aux récits d'Alexandra David-Néel et à ceux d'Anagarika Govind, qui font régulièrement état, dans leurs récits du Tibet d'avant l'invasion chinoise, de communications avec les esprits. Swedenborg, qui a continuellement communiqué pendant vingt-sept ans avec les esprits et les anges pour en recevoir des enseignements d’une hauteur inégalée, n’aurait fait en réalité “qu’accrocher des entités" ? Dénier la réalité de cette communication des vivants avec les esprits défunts, depuis toujours et partout assumée par l’humanité, pour la réduire à une sorte d’illusion de seconde zone est à mes yeux raisonnablement intenable. Par contre, Swedenborg avertit lui aussi des dangers qu’il pourrait y avoir à rechercher volontairement cette communication avec les esprits des défunts, lorsqu’elle ne se donne pas spontanément. On ne force pas impunément les portes de l’invisible, il faut y être autorisé par les esprits-guides, et toujours dans un but noble et désintéressé, et pour une mission précise. Beaucoup de gens ont eu toutes sortes d'expériences de communications spontanées avec des esprits de proches, d'amis ou même de relations, défunts depuis peu comme longtemps après leur décès. Je profite de l'occasion pour mentionner à ce sujet le récent et incontournable petit ouvrage : "Témoins de la vie après la vie. Une enquête sur les expérience de mort partagée", Dr Raymond Moody & Paul Perry, Robert Laffont, Paris, 2010. On est loin ici de toutes pratiques de spiritisme ou de médiumnité, il s'agit de gens comme vous et moi, qui ont vécu des expériences de communications spontanées avec des esprits de membres proches défunts, ainsi que de visions de l'au-delà. Beaucoup d'entre eux sont des gens de la profession médicale ou du personnel accompagnant, en soin palliatif, qui n'avaient bien souvent aucune foi en ce genre de phénomènes paranormaux.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
A présent, j’aimerais partager avec vous deux témoignages que mon proche ami et collègue du Cercle Swedenborg de Lausanne, Jean, m’a envoyé pour vous. Je ne suis généralement pas très féru de littérature "médiumnique" qui véhicule souvent je trouve toutes sortes d’histoires fantasques autant qu’invraisemblables. Mais il est malgré tout certains témoignages qui valent d’être considérés pour leur qualité et leur sérieux. Les communications de Pierre Monnier et de Georges Morrannier - tous deux décédés prématurément dans des circonstances dramatiques - avec leur mère pendant des années, retiennent tout particulièrement l’attention pour la profondeur des enseignements qui y sont prodigués.
Pierre Monnier était un officier français mort à 23 ans au combat le 8 janvier 1915, sur le front de la forêt d’Argonne non loin de Verdun, d’une balle en plein front. Sa mère, Cécile Thuret-Monnier a reçu des messages réguliers de lui pendant presque une vingtaine d’années, d’août 1918 à janvier 1937. Ces messages sont publiés sous le titre des « Lettres de Pierre » (introduction de Jean Prieur, sept tomes, éditions Fernand Lanore, 1990). Voici une citation de Pierre sur la question du suicide, daté du 27 novembre 1919 :
« Vous abritez dans votre enveloppe – dans votre écorce, puis-je dire – un être unique et double à la fois : l’esprit et le corps, capable de se tuer mutuellement. L’homme est une trinité (corps, esprit et âme), et Dieu ne vous permet pas de détruire votre corps, qui est le premier échelon sur lequel doit s’appuyer votre âme pour connaître les obstacles purificateurs, qui sont là pour éduquer l’âme à travers les liens de la chair. » ("Lettres de Pierre", tome deux) Voir les "Lettres de Pierre", introduction de Jean Prieur, sept tomes, éditions Fernand Lanore, 1990.
« L’esprit et le corps, capable de se tuer mutuellement », voilà une formule pour le moins inhabituelle qui implique, soit, que l’esprit puisse tuer son propre corps, mais que le corps aussi puisse tuer l’esprit qui l’habite. Les passions du corps, les mauvaises habitudes et les dépendances de tous genres, peuvent donc aussi tuer, à petit feu, l’esprit qui l’habite. C’est aussi une forme de suicide, moins flagrant et radical que celui qui consiste à se retirer brutalement la vie, mais qui n’en reste pas moins tout aussi destructeur.
Je viens de voir un film très intéressant intitulé « Nosso Lar » : « Notre Demeure » de Wagner de Assis, 2016. Il s’agit d’une production brésilienne basée sur l’ouvrage du médium brésilien Chico Xavier. La vie après la mort est le thème principal de cette histoire, ainsi que la transformation d'un homme durant une étonnante quête spirituelle dans l'autre monde. Au départ, André Luiz, un médecin, arrive dans l’autre monde suite à une attaque cardiaque, pour s’y faire accueillir comme un "suicidé" pour la seule raison qu’il a passé toute sa vie, en apparence exemplaire, sans amour véritable pour ses proches, ni grande empathie pour ceux qui l’entouraient. Dans cet exemple, c’est son esprit qui a tué, de façon inconsciemment suicidaire, son corps.
Voici maintenant une série d’extraits des messages de Georges Morrannier sur le sujet du suicide, et en particulier ici, et c’est ce qui rend son témoignage si intéressant, de son propre suicide, vu à posteriori de l’autre monde où il demeure. Georges s’est suicidé le 13 septembre 1973 d’un coup de révolver.
« Maintenant, Maman (Jeanne Morrannier), nous allons, toi et moi, avec un réel plaisir, répondre aux questions qui t’ont été posées par tous ceux qui s’intéressent à mes messages. Nous sommes là pour cela, pour les éclairer et satisfaire une curiosité bien légitime. Tu peux me poser toutes les questions, même si elles mettent mes affirmations en doute. La lumière jaillit de la discussion, dit-on. Je répondrai en toute sincérité, en me basant sur tout ce que j’ai appris, et Dieu sait si j’ai appris beaucoup de choses en ce monde merveilleux de L’Esprit. J’avais beau chercher sur la Terre tout ce qui pouvait l’expliquer, j’étais bien loin de l’avoir compris tel qu’il est. Tu peux commencer.
JEANNE : Il t’est reproché par certaines personnes de t’être suicidé, ce qui, à leurs yeux, enlève quelque valeur à ton témoignage.
GEORGES : Personne ne peut me reprocher cet acte insensé autant que moi-même. J’en suis encore honteux. Mais surtout, je suis honteux d’avoir suivi une mauvaise voie que je savais pourtant dangereuse. » (p. 161)
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
« La survie de l'âme suit immédiatement la mort de son enveloppe terrestre. Sauf à de rares, très rares exceptions près, l'âme s'échappe aussitôt du corps-matière qui a cessé de vivre. Souvent d'ailleurs, dans les cas de longues maladies, elle était déjà extériorisée avant la mort et n'attendait que le moment de briser le lien, cette corde d'argent, qui la reliait encore à la matière.
Cette âme n'est pas quelque chose d'absolument immatériel. Ce n'est pas quelque chose de vague, ou de vaporeux, ou d'inconsistant. C'est quelque chose de bien vivant, qui a une structure très précise et qui est contenue dans un corps, le corps spirituel ou corps astral. C'est ce corps qui lui donne sa forme bien délimitée dans l'espace, qui lui permet de se déplacer, d'agir ou de se reposer.
Le corps astral, nous l'avons tous dit, est la copie exacte du corps physique, pour la raison bien simple qu'il se constitue en même temps que lui, dans l'embryon d'abord, dans l'enfant, et l'adolescent ensuite. Ils se sont développés ensemble, en partant des même gènes, en partant de l'ADN ou acides nucléiques dont sont constitués les noyaux de nos cellules. » (p. 27)
« C’est la personnalité formée sur la terre qui passe dans l’invisible avec ses possibilités et ses faiblesses. Je l’ai déjà dit mais je crois qu’il est nécessaire d’insister sur ce point. L’enveloppe physique a disparu, les tombes sont vides. Ce qui continue à vivre, c’est tout le reste, c’est l’âme dans toute son intégrité, telle qu’elle était au moment de sa libération. Les connaissances acquises demeurent, les failles aussi. C’est à nous d’accepter d’évoluer sur tous les plans et d’en faire l’effort. Nous devons nous améliorer, éliminer nos défauts, corriger nos erreurs de pensée. Cela ne peut se faire que très lentement, par le même effort sur nous-mêmes que celui qui vous est demandé d’accomplir (ici bas). Je reconnais que c’est beaucoup plus facile d’évoluer dans l’Invisible que sur la Terre, mais il faut malgré tout (de ce côté aussi) une grande patience. » (p.46)
On croirait lire Swedenborg, en dehors des termes "corps astral" et "corde d'argent" qui ont dû être empruntés à Rudolf Steiner. Il connait d'ailleurs très bien les deux puisqu'il leur consacre dans ce livre un chapitre chacun. C'est en tous les cas un excellent petit résumé des enseignements de Swedenborg sur la question. ( Voir à ce sujet :
http://emmanuelswedenborg.info/enseignements/pagesmenu/lavieapresmort.html )
« Quand je suis arrivé « de l’autre côté », mon guide qui est aussi le tien, m’a expliqué tout de suite ce qu’on attendait de moi, c’est-à-dire ces messages que je devais te communiquer. Je fus très étonné, car je ne savais pas que cela fût possible. Je n’avais pas entendu parler de Roland de Jouvenel (1) ou de Pierre Monnier. » (p.46)
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
« Quel geste absurde que le suicide ! Il faut être de l’autre côté de la rive pour en mesurer l’erreur. Il faut avoir retrouvé l’équilibre pour en mesurer la gravité et les conséquences. Si tu savais combien de terrestres se suicident pour bien peu de choses parfois. Si tu savais combien je dois en accueillir. Il faut les réconforter, les aider à supporter leurs regrets et leurs remords. » (p. 47)
« Il y a les déceptions sentimentales. Le mot déception est faible. C’est plutôt une torture morale qu’il faut supporter, car elle aurait tendance à nous pousser au suicide, ou à tuer, ce qui, évidemment, va à l’inverse du sens que Dieu veut donner à notre vie. Il faut savoir accepter cette souffrance, parvenir à la surmonter par un immense effort de volonté. Se tuer ou tuer quelqu’un d’autre n’avancerait à rien, car la même épreuve nous serait évidemment proposée une autre fois. » (p. 54)
« Décès d’un être cher et trahison ou abandon d’un être aimé sont de loin les épreuves les plus pénibles. (...) Naturellement, les cas sont multiples, difficiles à condenser, difficiles à étudier en détail. De toute façon, il est certain que tout a une raison d’être. Contentez-vous de surmonter du mieux possible les obstacles qui sont sur votre route. Sachez qu’ils sont indispensables, (...) pour parfaire votre évolution spirituelle. » (p. 55)
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
« Nos guides doivent organiser notre retour dans l’Astral. La date de ce retour est fixée dès notre naissance. Elle est parfois modifiée par ce que nous pouvons appeler les imponderables, c’est-à-dire le suicide ou une erreur médicale ou encore, cela arrive, un assassinat non prévu. Mais, dans l’ensemble, l’heure est fixée, « l’heure est l’heure » et il faut partir. » (p. 58)
« Nous vous protégeons, car nous vivons avec vous, tout en vivant sur un plan spirituel différent. Nous sommes constamment près de vous dans certains cas graves, comme une maladie difficile à supporter, par exemple, où une situation morale particulièrement pénible. Je suis resté près de toi pendant longtemps après mon acte insensé, pour t’aider à supporter ta souffrance et pour calmer mes remords. Cela nous est toujours accordé. » (p. 61)
(“Jeanne Morrannier. La mort est un réveil”, introduction de Jean Prieur, éditions Lanore, 2007.) (2)
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Georges Morrannier confirme dans cette dernière citation un point important que souligne aussi Swedenborg, c’est celui que la mort ne nous sépare de nos proches que de l’extérieur, et que le lien de coeur et d’esprit reste intérieurement, plus fort que jamais, en attendant de nous retrouver de l’autre côté.
« Les époux qui ont vécu dans l'amour vraiment conjugal ne sont pas séparés à la mort de l'un d'eux. En effet, l'esprit du défunt vit continuellement avec l'esprit de celui qui a survécu, et cela jusqu'à la mort de ce dernier. A ce moment, ils se retrouvent, se réunissent, et s'aiment plus tendrement qu'auparavant, parce qu'ils sont dans le monde spirituel. » (A Conj 321)
Swedenborg nous dit que tous ceux qui ont été parents, amis, ou qui se sont connus dans la vie du corps, se retrouvent et communiquent intérieurement entre eux lorsqu’ils le désirent. Après la nouvelle d’une vie après la mort, en voilà une seconde plus que réconfortante : contrairement aux apparences la mort ne nous sépare pas, au contraire elle nous rapproche, mais sur un autre mode de conscience et de communication, en attendant de nous retrouver pour continuer le chemin ensemble.
Voilà des textes et des témoignages parlant qui amènent une grande et belle eau à notre moulin, sur cette question si grave et délicate que celle du suicide, on devrait mieux dire à présent "des suicides", et de leur conséquences très diverses selon les cas. Il ne faut jamais je crois porter de jugement trop entier et trop hâtif, même au nom d’une quelconque autorité religieuse ou spirituelle, cela me semble être une mesure de prudence, si ce n’est de sagesse, indispensable. Les religions raffolent de : « c’est comme-ci » et « c’est comme ça », de « il faut » et « il ne faut pas », mais les amis, les choses ne marchent pas comme cela, ou si peu. J’ai dit les religions, je devrais mieux dire, leurs clergés et leurs croyants, car si l’on se penche avec un peu d’attention sur leurs fondements, on y trouve généralement plus de questions que de réponses. Leur génie résidant surtout dans le fait de poser les bonnes questions justement, en ouvrant quelques pistes... en guise de réponses. Ce que détestent les êtres humains, toujours en quête de certitudes, mais, comme le disait mon bon maître de méditation, Karlfried graf Dürckheim : « le chemin, c’est l’incertitude ! ».
Patrick
Note :
1) « Au lendemains de la seconde guerre mondiale, Marcelle de Jouvenel dut affronter l’épreuve des épreuves : le décès de son fils unique, Roland, âgé de 14 ans. Désespérée, elle tente de mettre fin à ses jours en se jetant par la fenêtre , mais sent une main invisible la retenir par l’épaule. Plusieurs phénomènes inexpliqués se succèdent. Bien que réticente aux conseils d’une amie, elle finit par accepter d’expérimenter l’écriture automatique. Les messages qui vont se succéder pendant plusieurs années sont d’une telle force, d’une telle beauté, qu’ils feront jusqu’à nos jours, en France, en Suisse, en Belgique et en Italie, l’objet d’études et de conférences. Cinq petits volumes (édités chez Fernand Lanore) évoquent le lien constant qui exista entre une femme en proie aux doutes et à la solitude, et son fils toujours aimant, parfois sévère, qui lui dicta de nombreux messages. Inlassablement, la main de sa mère traça, sous la conduite de Roland, des textes pour elle-même, mais également pour tous ceux qui ont perdu un être cher. Quelle que soit l’opinion de chacun sur l’Au-delà et sur la réalité de cette expérience, ces messages sont remarquables. » Extrait de Jean Prieur. Voir « Marcelle de Jouvenel. Au diapason du Ciel », tome 1, présentation de Jean Prieur, éditions Fernand Lanore, 2011. Je mentionne cette référence au passage, dont je n’ai encore rien lu, pour son analogie avec Pierre Monnier et George Morrannier. Au fait, est-ce-que quelqu'un voudrait bien nous faire un petit résumé de cette oeuvre, donner un avis ou quelques citations significatives ?
2) Georges Morrannier fait état dans ses messages de sept mondes de conscience et d'existence supérieurs (Ciel), avec la nécessitée en pour passer de l'un à l'autre d'une réincarnation terrestre. Cette vision, que je trouve pour le moins tarabiscotée, va à l'encontre de celle de Swedenborg pour lequel il n'y a pas de réincarnation terrestre possible. La raison en est que notre esprit ne peut plus reprendre cette relativement "lourde et obscure" enveloppe matérielle, qui a servi de "moule" ou de "matrice" à notre âme et notre conscience. La pierre précieuse a été libéré de sa gangue, la chenille s'est métamorphosée en papillon, il n'y a pas de retour en arrière possible, pas de retour du monde spirituel dans le monde matériel possible, puisque l'un procède de l'autre et non vice et versa. La question sera plus largement abordée dans le sous-forum : "Swedenborg et le Livre des morts tibétains".