Chers amis (es)
Un grand merci, Gilbert, pour ce magnifique texte pour accompagner les morts qui sonne comme un appel à la vie. C’est un très beau poème, riche de beaucoup de belles images et de messages forts. Par contre il faudra s’assurer que le défunt en question avait une quelconque foi en une forme de survie par delà la mort, puisque le texte parle au nom du mort. Si tel n’était pas le cas il vaudrait alors mieux le mettre à l’impératif :
« Ne reste pas à pleurer autour de ton cercueil !
Tu ne t’y trouves pas, tu n’y dors pas.
Tu es un millier de vents qui soufflent, tu es le scintillement du diamant sur la neige.
Tu es la lumière du soleil sur le grain mûr, tu es la douce pluie d’automne.
Tu es l’envol hâtif des oiseaux qui vont commencer leur vol circulaire.
Quand tu t’éveilleras dans le calme du matin,
Sois le prompt essor, qui lance vers le ciel où ils tournoient, les oiseaux silencieux.
Sois la douce étoile qui brille, la nuit.
Ne reste pas à te lamenter devant ta tombe !
Tu n’y es pas, tu n’es pas mort. »Une autre formule, peut-être préférable, pourrait être :
« Ne restons pas à pleurer autour de ton cercueil ! Tu ne t’y trouves pas, tu n’y dors pas » pour l’introduction, et :
« Ne restons pas à nous lamenter devant ta tombe ! Tu n’y es pas, tu n’es pas mort » pour la conclusion.
Cela change évidemment beaucoup la phonétique et la musique du poème, mais moins qu’une traduction dans une autre langue. Récitez-le lentement, en laissant des temps de silences réguliers entre chaque phrase, ainsi que son introduction et sa conclusion. On a toujours tendance en public à lire les textes bien trop vite, ce qui en altère évidemment beaucoup la visibilité et donc l’impact, on devrait mieux dire la puissance d’évocation.
De cette façon il pourra prendre une valeur de bénédiction votive, prononcée en notre nom propre, et qui n’engage donc que notre liberté.
Gilbert vous avez parfaitement raison, l’un des points le plus centraux de la vision de Swedenborg est certainement la question du sens spirituel des Ecrits Sacrés (la Bible = “Biblos” : les Livres, avec une majuscule, et de ce fait sous-entendu : “sacrés”), et nous allons bientôt y venir. Un des deuxièmes points forts de ses enseignements est certainement aussi celui de la “régénération”. Voir à ce sujet, sur le site Swedenborg :
http://emmanuelswedenborg.info/enseignements/lhomme/regeneration.htmlVous avez encore raison de dire que chaque enseignement de Swedenborg, ne peut être saisi dans toute sa profondeur, sans appréhender en même temps les nombreux autres sujets qui lui sont indissociablement liés.
Les enseignements de Swedenborg sur la vie après la mort, ne signifieraient absolument rien sans ceux qui concernent l’âme et le corps, les degrés discrets, les correspondances et surtout la régénération. C’est une des choses qui est si extraordinaire chez lui, c'est que tous les éléments de sa vaste vision forment un tout inséparable, absolument cohérent et totalement organique. C’est comme pour le corps humain, le cœur par exemple n’a de vie et de sens que dans le lien qu’il entretient avec tous les autres organes, et réciproquement. C’est la raison pour laquelle ces enseignements ne peuvent être véritablement saisis que dans leur globalité.
Un autre point à présent au sujet de votre citation de l’évangile de Jean :
« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma Parole et qui croit à celui qui m’a envoyé à la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » (Jn 5 : 24)
Très belle et puissante parole, à condition d’être d’accord sur ce que l’on entend par “écouter sa Parole” et “croire à celui qui l’a envoyé”.
“Écouter sa Parole”, dans le sens spirituel ce n’est pas nécessairement de lire la Bible, mais bien plutôt de nous tourner intérieurement vers les valeurs qu’elle véhicule, celle par exemple du premier de tous les commandements : « Aime le Divin de tout ton être, et ton prochain comme toi-même. Toute la loi et les prophètes sont là. » (Mc 12 : 28-34, Mt 22 : 34-40, Lc 10, 25-28)
Pour ce qui concerne le prochain il y a, en guise de première Déclaration des Droits de l'Homme, les tables de la loi mosaïque, qui scellent l’alliance entre le Divin et l’homme, et qui se résument en cinq mots qui tiennent sur les cinq doigts d’une main : “ne pas mentir, ne pas tromper, ne pas voler, ne pas violer (je l'ajoute), et ne pas tuer !” En un mot il s’agit de reconnaître, de respecter et d’aimer le prochain, c’est-à-dire tous les êtres de cette création, comme s’il s’agissait de soi-même.
“Croire à celui qui m’a envoyé”, ne veut pas nécessairement dire qu’il faille croire dans le Dieu de la Bible, mais bien plutôt d’incarner les valeurs essentielles qu’il représente, dans nos vies, dans des actes et des projets concrets, afin que “le Verbe se fasse chair” à travers nous, ou comme le dit si bien Swedenborg, “de faire descendre les spirituels dans les naturels”. A ce sujet, voir la page suivante du site Swedenborg :
http://emmanuelswedenborg.info/enseignements/laregeneration/lavoie.htmlIl n’y a donc pas obligatoirement besoin de lire la Bible ni de croire explicitement dans son Dieu pour être une fille ou un fils de Dieu. Il y a beaucoup de soi-disant croyants qui sont très loin de ce travail de transformation intérieure, de témoignage et de réalisation dans le monde. Il y a aussi de nombreuses personnes dites “non-croyantes”, totalement athées, qui n’ont jamais lu la Bible et qui se défendent par tous les diables de ne croire en aucun Dieu, qui réalisent et qui incarnent pourtant ces valeurs dans leur vie.
Il importe de comprendre qu’il y a deux religions dans l’homme et qu’elles sont deux choses fondamentalement différentes. Il y a la religion extérieure, et la religion intérieure dans laquelle chaque homme est, dans le secret de son être et de sa conscience. La religion dans laquelle nous sommes intérieurement est bien au-delà des mots, des déclarations de foi et des appartenances extérieures. Dans les “internes” ou les “spirituels”, comme les nomme Swedenborg, cette religion dans laquelle nous sommes intérieurement n’a bien souvent rien à voir avec la Bible, une foi déclarée en Dieu ou en Jésus-Christ, ou une appartenance à une quelconque Église ou religion, ne nous méprenons pas. C’est au-delà de tout cela, et c’est d’ailleurs à cette religion intérieure dans laquelle chaque homme se trouve, souvent à son insu, à laquelle le Christ nous convie sans cesse, et non la religion extérieure, celle des lèvres et du monde. C’est la raison pour laquelle dans la Bible la religion extérieure est, dans le sens spirituel, le symbole, la “correspondance”, de cette religion intérieure. “Correspondance”, ne veut pas dire identité formelle, mais plutôt relation symbolique.
En conclusion, et en guise de koan zen, le paradoxe suivant :
« Dieu n’est pas Dieu.
La Parole n’est pas la Parole.
Le croyant n’est pas le croyant. »
Méditons cela profondément et sondons cette idée en regardant en nous et autour de nous, c’est flagrant !
J’aimerais à présent citer une prière de Péter Deunov que Bertrand nous a récemment envoyé :
« Seigneur de l'amour, je te connais comme Dieu de la suprême miséricorde
et c'est pour cela que je me tourne vers toi en ce moment,
en t'implorant de donner la paix et la lumière
dans le monde spirituel aux âmes des trépassés.
Donne-leur la joie complète ;
pardonne-leur les fautes qu'ils ont commises
envers ta suprême loi de l'absolue justice.
Que leurs péchés ne soient pas un piège pour leur âme.
Seigneur, donne-leur la possibilité de poursuivre
leur évolution en les envoyant sur la terre de lumière
avec de meilleures conditions de vie.
Reçois, Seigneur, notre prière reconnaissante. »
C’est une belle prière, simple et candide, dans laquelle résonne malheureusement : “loi”, “péché”, “pardon”, “miséricorde”. Il ne s’agit pas de dénier la réalité du mal dans l’homme, les bulletins d’informations nous y confrontent quotidiennement, mais je crois qu’il faut rompre à présent avec cette théologie désuète du : “c’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute, parce que j’ai péché, par pensée, par parole et par action.”
Il faut en terminer avec cette théologie littéralement obsessionnelle du péché, du pardon, avec cette invraisemblable absurdité de la salvation par le sacrifice sanglant du Fils sur la croix pour racheter les péchés des hommes, avec l’image d’un Dieu vengeur et père fouettard ! Sans parler de cette histoire à dormir debout de soi-disant péché originel. Les prophètes, le Christ et les apôtres ont bien d’autres choses à nous dire et nous enseigner concernant la nature du Divin, de l’homme, et du chemin de cette vie terrestre. Alors, à moins qu’il ne s’agisse d’un violeur, d’un meurtrier ou d’un dictateur sanguinaire, il vaut certainement mieux, dans les circonstances d’une inhumation, laisser ces histoires de fautes et de péchés, il faut bien le dire quelque peu médiévales, de côté, ne serait-ce que par respect pour ceux qui s’en vont en ayant dans la plupart des cas fait de leur mieux pour accomplir leur destin terrestre.
Partons avec des choses un peu plus positives dans la tête et le cœur ! Et n’oublions jamais ce que les enseignements de Swedenborg, largement confirmés par l’ensemble des témoignages de “NDE”, nous apprennent que : “le Divin ne juge et ne condamne jamais aucun homme, ni à aucun purgatoire, ni aucun enfer. Il accueille et il aime seulement, et ne conduit sur les chemins de lumière que ceux qui le lui demandent, sa porte n’est jamais fermée à personne ! Chaque homme génère son propre enfer ou son propre paradis, et c’est dans celui-ci qu’il vient dans la vie après la mort. Le péché, le diable et ses enfers, c’est le mal-penser, le mal-agir, et le mal-être qui en découle. La miséricorde Divine, la salvation et le paradis, c’est de penser et d’agir positivement, et le bonheur que le bien et la vérité rayonnent, rien d’autre, et Dieu, c’est d’être avec lui, en acte et en intention ! C’est au-delà de toute appartenance religieuse ou pas.
Je lance un appel à tous les internautes qui nous lisent : “Cherchez et venez partager avec nous un de ces textes afind'honorer et d'accompagner nos proches et amis défunts. Déposons sur leur tombe ou leurs cendres, des mots de lumière, des larmes de diamant, des fleurs rares, qu’ils pourront emporter avec eux.”
Patrick