par Patrick » 23 Juil 2016 16:01
Bien chers tous,
Bertrand, je viens juste de recevoir votre clé usb avec tous les livres pdf. Concentrer le code ADN de tant d’enseignements dans ce tout petit rectangle est un véritable prodige, une bibliothèque entière dans un dé à coudre, c’était encore inimaginable il y a seulement vingt ans.
Il y a eu l’invention de l’écriture, puis celle des écritures alphabétiques, bien plus tard l’invention de l’imprimerie, et voici, avec l’entrée dans ce troisième millénaire, l’avènement du numérique et de l’informatique. Quelle fantastique évolution qui, de révolution en révolution, a transformé la codification, la conservation et la transmission de l’information, qui transforme à son tour les cultures, les sociétés et l’histoire humaine.
Quelle surprise et quelle émotion j’ai eu en découvrant cette extraordinaire collection d’ouvrages français, de et sur Swedenborg, dont de nombreuses raretés que je croyais à tout jamais perdues au fond de quelque obscure et poussiéreuse bibliothèque, comme cet “Abrégé des ouvrages de Swedenborg”, dont j’avais écrit ceci dans la biographie sur Swedenborg :
« En 1788, le baron Charles Silfverhjelm, un neveu de Swedenborg, fait anonymement publier à Strasbourg une nouvelle compilation, probablement réalisée par Daillant de la Touche : "Abrégé des ouvrages d'Emmanuel Swedenborg." Cette oeuvre, traduite en plusieurs langues jouera un rôle important dans l'histoire de la diffusion de sa pensée en France, servant de "portail d'entrée" à de nombreux lecteurs, dont Balzac. »
Ce petit livre fait partie des tout premiers ouvrages de littérature “colatéralle” française, 1788, seize ans seulement après la mort de Swedenborg. Il représente une des toutes premières tentatives de faire connaître la pensée de Swedenborg en France, et a de ce fait une grande valeur historique. Son “Discours préliminaire” de 71 pages est aussi l’un des tous premiers textes français sur la vie de Swedenborg.
Que dire encore de “l’Index des mots, des noms et des choses contenus dans les Arcanes Célestes” ? . Un des premiers index, réalisé par Swedenborg lui-même, après la parution du dernier volume de ses “Arcanes Célestes”, en 1756, et qui a dû servir de modèle de départ à tous les index réalisés ensuite par Le Boys des Guays. C’est un petit joyau qui ressurgit des oubliettes !
Quant à “l’Abrégé des merveilles du Ciel et de l’enfer”, avec ses “annotations et observations”, de L.A. Cahagnet, 1855, il s’agit d’un parfait inconnu et d’une nouvelle découverte, qui viendra s’ajouter avec quelques autres à la bibliographie complète de la littérature “collatérale” française, en cours de réalisation.
“La clef hiéroglyphique des arcanes naturels et spirituels, par voie des représentations et des correspondances”, 1843, est la traduction d’un traité posthume de Swedenborg datant de la fin de sa période scientifique et de l’année de ses premières révélations, 1744. Son traducteur, Lino Zaora, prêtre espagnol, m’était jusqu’à présent totalement inconnu.
A noter également : “Vraie Religion Chrétienne”, 1819, “Des Terres dans l’Univers”, 1824, et “Divine Providence”, 1823, tous trois traduits par Jean-Pierre Moët. Un des premiers grands traducteurs de Swedenborg en français. Je ne disposais jusqu’à présent d’aucune de ses traductions. Sans parler d’un ouvrage de sa propre plume dont j’ignorais même l’existence : “Sens spirituel de l’oraison dominicale”, 1820.
Il y a aussi le “Dialogue sur la nature, le but et l’évidence des écrits théologiques de Swedenborg, avec un abrégé de ses oeuvres philosophiques”, de John Clowes, 1790. Encore un très ancien ouvrage collatéral, jusqu’à présent parfaitement inconnu pour ce qui me concerne. Voici la référence faite à John Clowes dans la biographie du site :
« En Angleterre le mouvement se cristallise donc très tôt autour de la question d'une organisation ecclésiale indépendante. Deux tendances s'opposent, non séparatiste et séparatiste. La première faction tentera, avec un certain succès, d'intégrer la nouvelle théologie à celle de l'Eglise anglicane, tandis que la seconde voudra à tout prix se séparer des Eglises officielles, pour fonder une nouvelle Eglise indépendante. Un premier groupe se constitue autour du Rev. John Clowes, recteur pendant plus de 62 ans de l'Eglise anglicane à Manchester. Il traduira de nombreux livres de Swedenborg en anglais. En 1782 il fonde, la "Manchester printing society", dédiée à l'impression, la publication et la diffusion des oeuvres de Swedenborg. Il traduira la plus grande partie de ses ouvrages en anglais. »
C’est dire que ce personnage a joué un rôle important dans l’histoire du mouvement swedenborgien en Angleterre.
J’ai aussi trouvé une traduction du “Jugement Dernier”, probablement de Chastagnier, qui se trouve dans ce n° 3 de son “Journal Novi-Jérusalémite”, 1786 ; suivi en 1787, de la traduction de “Continuation sur le Jugement Dernier”.
C’est un véritable trésor, Chastagnier est l’initiateur de la fondation d’une première Eglise indépendante à Londres. Voilà la référence à Chastagnier, extraite de la biographie du site :
« Le Dr. Bénédict Chastanier, un chirurgien français vivant à Londres, fervent apôtre des doctrines de Swedenborg, est l'un des premiers à créer chez lui un groupe de lecture et d'étude. En décembre 1783, suivant l'exemple de Chastanier, un certain Robert Hindmarsh, imprimeur, rassemble grâce à une annonce publique tous ceux qui, à Londres souhaiteraient étudier les écrits de Swedenborg. La même année, lui et ses amis constituent : "La Société pour la promotion des doctrines célestes de la Nouvelle Jérusalem". Cette association a pour but de répandre les écrits et les enseignements de Swedenborg. Hindmarsh publiera lui aussi un grand nombre de livres de Swedenborg en anglais ainsi qu'un magazine : "La nouvelle revue de la connaissance." Il réalisera aussi le premier "Dictionnaire des correspondances", compilé par ses soins et édité en séries de 1790 à 1792. Suivant ici son exemple, de nombreux “dictionnaires des correspondances” verront le jour au fil du temps. En 1786, la société londonienne compte déjà une cinquantaine de membres. Une partie de ses membres espère, elle aussi, que les nouvelles doctrines seront graduellement intégrées à l'Eglise officielle anglicane, d'autres au contraire aspirent à établir un culte indépendant. Sous l'impulsion de Chastanier qui publie, en 1787, le "Journal Novi-Jérusalémite", militant fortement pour l'institution d'une Eglise indépendante, un groupe au sein de la Société londonienne institue, le 31 juillet 1787, un culte indépendant. Le père de Robert Hindmarsh, le Rev. James Hindmarsh, alors pasteur méthodiste, sera désigné pour assumer le premier la fonction sacerdotale. »
J’ai eu le plaisir de trouver ensuite le : “Tableau analytique et raisonné de la doctrine céleste de la Nouvelle Jérusalem”, Londres, 1786, dont voici la référence dans la biographie :
« Chastanier traduira de son côté un grand nombre de livres de Swedenborg en français, se consacrant d'abord aux oeuvres inédites. Il réalisera ensuite une première oeuvre de compilation : "Tableau analytique et raisonné de la doctrine céleste de la Nouvelle Jérusalem. Précis des oeuvres théologiques de Swedenborg", Londres, 1786. Le livre se répand largement à Paris, Versailles, Rouen et Strasbourg. »
Après la traduction des deux opuscules précédents sur le Jugement, c’est une deuxième oeuvre de Chastagnier et pas des moindres, puisqu’il ne s’agit de rien d’autre que de la toute première tentative de synthèse des écrits de Swedenborg en français.
Je cite ces extraits afin de mieux situer et de mieux faire comprendre ces oeuvres. Leur contexte historique leur donnent ici tout leur sens, et révèle toute leur valeur. Entre la traduction de ces deux opuscules sur le Jugement, il y a eu l’institution d’une première Eglise indépendante, quinze ans seulement après la mort de Swedenborg à Londres, et essentiellement à partir de la deuxième generations de disciples, contemporains de sa mort mais qui ne l’ont pas connu directement.
Il y a aussi le “Ciel et Enfer”et “Terres dans l’Univers”, en 2 volumes, de A.J. Pernety, qui est le seul ouvrage de cette période que la bibliothèque abrite, mais pas des moindres, puisqu’il est le plus ancien de tous pour ce qui est de la langue française, 1782 ! Il est de plus suivi d’une traduction de “Divin Amour, Divine Sagesse”, datée de 1786.
Un “Commerce de l’Àme et du Corps”, traduit par Parreau et daté de 1785, suit de peu. C’est pour moi étonnant, car si j’avais dû choisir deux ouvrages à traduire en premier, j’aurais effectivement désigné : “Ciel et Enfer” et “Commerce de l’Àme et du Corps”. Non pas qu’ils soient les plus importants, mais peut-être les plus accessibles, du fait qu’ils représentent de très belles synthèses.
Mentionnons aussi la très curieuse traduction intitulée : “Traité curieux de l’amour conjugal”, par Brumore, en 1784.
A noter encore un “Traité de la Vie d’après le Décalogue”, sans nom d’auteur, daté de 1788. Il s’agit du troisième des quatre traités contenus dans les “Quatre Doctrines” ; et un “Exposition Sommaire”, d’un traducteur lui aussi inconnu, daté de l’an V de la république !
Voici le paragraphe de la biographie qui évoque cette toute première génération de traducteurs et de littérateurs.
« Pour ce qui est de la France, soulignons que ce seront les frères Nordenskjöld de Stockholm qui feront les premiers traduire les ouvrages de Swedenborg en français. Charles Frederick, alors ministre des affaires étrangères en Suède, s'associera dans ce but avec le marquis de Thomé en France, l'abbé bénédictin Antoine Joseph Pernety à Berlin, et Bénédict Chastanier à Londres, tous trois français et adeptes de ses écrits. En effet, des traductions anglaises et allemandes de ses principaux ouvrages existaient déjà, il fallait donc se concentrer sur la publication de ses oeuvres en français qui était, en cette fin de 18ème siècle, la langue principale de toute l'élite intellectuelle européenne. Le nouveau roi de Suède, Gustave III, finançait déjà de son côté un autre traducteur, Jean-Pierre Moët, conservateur de la bibliothèque royale de Versailles. Moët, Chastanier, Parreau et Daillant de la Touche formeront un groupe de littérateurs engagés dans la traduction de ses écrits, plutôt critiques à l'égard des traductions de Pernety et de Brumore. »
C’est donc une très belle collection de traductions et d’ouvrages “collatéraux”, datant pour la plupart des trois premières décennies après la mort de Swedenborg, que vous avez ici réssuscité pour nous. Et c’est tout un pan de l’histoire qui resurgit avec eux, celle de tous ces courageux précurseurs, qui ont généré tout au long des siècles suivants une très riche généalogie de traducteurs, de biographes et de littérateurs français.
Je n’ai pas encore écumé votre liste des ouvrages pdf sur Swedenborg, mais je peux vous dire que vous avez d’ores et déjà fait une pêche véritablement miraculeuse !
Il sera certainement intéressant de mettre à disposition de nos internautes cette toute première collection d’ouvrages anciens, au format pdf, avec les liens vers leurs sites de téléchargement. Ici “Google Livres” et “BNF Gallica”, que nous tenons également à remercier pour ce très précieux travail de numérisation, de sauvegarde et de mise à disposition de tous ces ouvrages quasi antiques.
J’en ai établi la liste chronologique complète que je mettrai bientôt à disposition sur le site, avec la liste des livres du Cercle Swedenborg, disponibles à la vente. Il s’agira ici de traductions et de livres bien plus modernes.
Un immense merci, Bertrand, pour ce beau et patient travail de compilation, qui va profiter à tous. Je vous tiendrai au courant de la suite de mon exploration de votre “clé des songes”magique !
Gilbert, merci pour votre message précédent. Une “analyse du christianisme”, ce serait bien présomptueux de ma part, il s’agit plutôt d’un sentiment et d’un éclairage particulier, renouer avec la dimension initiatique des enseignements du Christ. Lorsqu’on lit (et médite) bien ses enseignements, on réalise que la voie dans laquelle il conduit ses disciples est bien celle qui consiste à s’ouvrir et à plonger dans la dimension intérieure.
Je viens de lire dans l’incroyable livre du docteur et neurochirurgien Eben Alexander, “La Preuve du Paradis”, un passage qui renvoie à cette idée :
« Un autre aspect de cette révélation est que l’on n’a pas besoin d’approcher la mort pour jeter un regard derrière le voile – mais on doit faire le travail. Apprendre sur ce monde (le monde spirituel) à partir de livre et de conférences est un début – mais au bout du compte, nous devons aller profondement dans notre propre conscience, par la prière ou la méditation, pour accéder à ces vérités. La méditation se présente sous de nombreuses formes, ... »
La plus simple et la plus utile pour moi est celle de la pratique du silence, du vide et de l’écoute intérieure, pratique à laquelle le Christ conviait régulièrement ses disciples, mais nous développerons ce sujet un peu plus tard.
Un grand merci pour votre engagement dans notre projet d’un espace de rencontre et de dialogue libre et ouvert sur les différents enseignements spirituelles.
Tout avec vous, à l’oeuvre.
Patrick